Vélorue, CVCB, réseau, jalonnement, plan de circulation… On le sait, les Pays-Bas développent brillamment la pratique cyclable et la culture vélo. Mais au nord du pays, une île (Texel) déploie discrètement des aménagements exceptionnels !
Avec plus de 2800 km de lignes ferroviaires exploitées, le réseau néerlandais est l’un des plus denses d’Europe. Un billet spécial vélo est nécessaire pour monter à bord, en dehors des heures de pointe ; avec (seul bémol ?) un emport pas toujours évident.
Den Helder est une ville portuaire par laquelle transitent les visiteurs de Texel. À l’instar de toutes les cités néerlandaises, la circulation motorisée y est contrainte en son centre, avec des vélorues où les cyclistes sont largement majoritaires grâce à un plan de circulation.
De la gare au port, un bus gratuit existe. Aux heures de pointe, deux navires alternent avec un départ toutes les 30 minutes. L’accès cycliste est garanti et sécurisé à travers la zone d’attente, jusqu’à un pont du ferry entièrement dédié aux vélos (2,50€ A/R).
Sur l'île, la circulation motorisée est possible, mais les aménagements l’encadrent fortement. Les vitesses sont contraintes, et la grande partie du volume est canalisée sur un axe structurant, deux pistes cyclables bidirectionnelles se déploient autour.
Texel est composée de la réunion de deux îles par des polders. Une grande partie du territoire est à -2 mètres. Les digues et les dunes ont un rôle clé dans sa préservation ; de nombreuses pistes cyclables les parcourent, renforçant ainsi leur stabilité.
Nulle part aux Pays-Bas on peut trouver une telle diversité de paysages, dans une si petite zone que le Parc National. Des pistes en enrobé acheminent les cyclistes à travers la forêt, qui doivent ensuite stationner avant de pénétrer à pied dans les zones fragiles.
Les itinéraires vélo sont pensés et réalisés comme un troisième espace de voirie, dans une logique réseau, sans discontinuités. Même dans les zones rurales, des pistes existent. Seulement là où le trafic motorisé est anecdotique, la mixité est de mise.
Les mobilités étant régulées, et créées pour être agréables aux cyclistes, des espaces atypiques de convivialité et d’échanges se sont développés le long des itinéraires cyclables. Les habitant·es y proposent en toute confiance de nombreux objets ou produits.
Des CVCB (chaussée à voie centrale banalisée) sont aménagées en ville et en zone rurale. Les couloirs vélo sont systématiquement marqués en rouge. Et des actions diverses ont été réalisées en amont pour réduire la vitesse et le volume des voitures.
Les fameux “giratoires à la néerlandaise” sont légion ! Ils proposent un itinéraire circulaire extérieur, protégé et prioritaire pour les cyclistes à chaque voie entrante ou sortante du carrefour. La sécurisation est optimale, avec des continuités garanties.
Les priorités aux intersections ne sont pas octroyées d’office aux cyclistes ; mais leur visibilisation s’opère avec des plateaux, des couleurs et des marquages. La hiérarchisation entre la voirie auto et les 140 km du réseau vélo est finement étudiée.
Le jalonnement est omniprésent, notamment grâce aux Fietsknooppunten : vous roulez à vélo en suivant les panneaux d'un nœud numéroté à un autre nœud numéroté. Un planificateur d'itinéraires cyclables existe en ligne ou en version papier.
La politique de la ville compacte menée en Hollande est l’une des plus avancées au monde. L’étalement est maîtrisé, les zones rurales peu construites et les pôles urbains sont vivants (notamment grâce à une densification qualitative et la piétonnisation).
Le stationnement payant pour les véhicules motorisés s'applique partout sur l’île. L’achat d’une Texelvignette est nécessaire (2,5 € par heure). Les recettes du stationnement sont en partie investies dans l'amélioration de la voirie et des axes cyclables.
Il est interdit de traverser à vélo le centre-ville de Den Burg (principale localité) de 10h à 17h, en raison du flux piéton. Des stationnements avec commodités (fontaine à eau…) entourent le centre. Chaque plage ou supermarché en est également doté.
Plus de 40 bornes de recharge sont proposées gratuitement aux cyclistes utilisant un vélo à assistance électrique, sur Texel. Elles sont généralement installées à proximité des lieux de vie (musée, café, brasserie, camping, restaurant…).
Une vélorue (fietsstraat) rurale est aménagée dans une zone contrainte. Chaussée étroite (2,70m par sens) pour contenir les vitesses, pavés rouges des itinéraires cyclables, intersections soignées : tout est exemplaire. Le rapport vélo/voiture est de 4:1.
Faire du vélo aux Pays-Bas serait facile "car c’est plat”... Or, c’est oublier un élément fondamental : le vent y est très présent (32km/h de moyenne en hiver sur Texel). Une course contre le vent est même organisée, en Zélande (https://cyclo-pro.fr/blogs/news/la-course-contre-le-vent-au-pays-bas).
Le volume du trafic motorisé dans les villages est réduit (grâce aux actions précédemment citées), rendant les bourgs attractifs. Avec une densité de seulement 23 hab./km2, les 14000 hab. de Texel se concentrent dans 8 bourgs à la fois denses et apaisés.
La vitesse du trafic motorisé dans les villages est réduite grâce à des écluses, une étroitesse importante pour certaines rues à double-sens, des ralentisseurs latéraux, des rayons de giration serrés… Certaines routes rurales sont limitées à 60 km/h.
Les zones de rencontre (woonerf) se déploient dans certains quartiers résidentiels. Apparues en ~1970 aux Pays-Bas, elles privilégient l’appropriation de la voirie par les habitant·es sur la circulation motorisée grâce à des bancs, arbres, aires de jeu…
La gestion des travaux et du mobilier placé sur les itinéraires cyclables est le (seul ?) point faible des aménagements à Texel. La branche locale de la Fietsersbond (organisation cycliste néerlandaise) le dénonce régulièrement (https://texel.fietsersbond.nl/paaltjes-actie-op-texel/).
Douze magasins de vente et de location de vélos se répartissent sur la quasi-intégralité du territoire insulaire. Souvent, des stations de réparation et de gonflage sont accessibles gratuitement devant les établissements.
Les transports en commun sur Texel se composent d'une ligne de bus qui circule à heures fixes et de petits bus qu'il faut réserver. Ceux-ci (Texelhopper) emmènent les usager·es vers et depuis plus d'une centaine de points d'embarquement à travers l'île.
Vous l’aurez compris, Texel est un paradis (qu’il faut garder secret 🤫). Refuge des phoques, dunes, itinéraires cyclables, bourgs vivants et apaisés : l’île associe mobilités innovantes et respect de la nature. Fil à retrouver (avec plus de médias) sur Mastodon (https://masto.bike/@aurelien_naoned) et Twitter/X (https://twitter.com/AurelienNaoned). Tot ziens / Kenavo / À bientôt 👋🏽
Aurélien Boulé Fournier